Observations

Nous voilà dans la salle d’attente d’une PMI

L’enfant,
(une petite fille de trois mois)
qui était endormie dans un couffin à l’arrivée,
est maintenant éveillée,
portée dans les bras par sa mère
qui parfois l’allonge à plat ventre,
ou sur le coté,
toujours le visage vers moi,
sur ses genoux
et/ou sur son bras.

Dans quelque position que sa mère l’installe,
la petite fille se tourne,
se dresse,
avec un port de tête très tonique,
pour écouter,
pour regarder mon visage,
mes mains qui bougent,
qui jouent de la musique.

La maman est présente
mais encore dans le stress de l’arrivée ;
elle me propose de prendre sa fille dans mes bras.
Elle s’adresse à l’éducatrice,
pour discuter.

L’éducatrice reste centrée sur l’enfant
et invite très tranquillement la mère à faire de même,
pointant la valeur de ce qui est en train de se passer.

La petite fille est très à l’aise,
elle continue d’être attentive,
me regardant,
regardant l’éducatrice,
regardant sa mère,
avec autant d’intensité
qu’elle me regardait auparavant.

Je propose à la mère de porter à nouveau son enfant.

Elles ont toutes les deux des regards très intenses.
La mère semble très gratifiée de cela.

(…)

Temps de discussion, entrecoupée de comptines
– que je reprends parfois, à dessein –
dans le souci de ne pas être intrusif,
pour laisser le temps à la mère
de diriger la suite
de notre
échange.

(…)

Un autre enfant
(un petit garçon de 16 mois)
vient d’arriver dans la salle d’attente.
Intéressé par les comptines,
il fini par venir s’installer près de nous :

il pose un jouet sur la table
– puzzle à encastrer, reprenant les éléments d’un plateau repas –
le manipule
et nous observe du coin de l’œil.

Je m’approche de lui,
restant face à lui :
la table reste une distance
entre lui et moi
qui lui semble nécessaire
et suffisante pour se sentir en sécurité.

Petit à petit la relation s’instaure, pleine, joyeuse.

J’entre dans un jeu où tout geste,
toute production sonore
( vocale, avec ou sans production de mots, comptines,
manipulation de jouets, de mobilier,
bruits des déplacements du corps,
interventions sonores des personnes qui passent
ou qui travaillent autour de nous…)
prend sens :

c’est comme si
une partition
– rythmée,
joyeuse,
parfois
drôle,
inquiétante,
ou
absurde,
poétique –
s’écrivait
en temps réel.

Cela conduit à
une joie
et à une
complicité
« éclair » :
rapide,
instantanée,
intense.